Au-delà du débat des professionnels syndrome ou pas syndrome, dans la pratique, même si on peut admettre que les visiteurs et adhérents des associations de défense de la coparentalité sont « sur rerésentatifs » on constate que dans la quasi majorité des cas lorsqu’il y a conflit autour de la garde de l’enfant, il y a manipulation parentale
Cette manipulation parentale devient inquiétante lorsqu’elle aboutie chez l’enfant à un clivage de ses parents, entre le« bon parent » et le « mauvais parent »avec pour conséquence la mort psychologique d’un parent ( souvent le père), l’intérêt supérieur de l’enfant étant mis en danger, car il est coupé d’une de ses racines, ce qui constitue une faille importante dans sa construction identitaire avec des conséquences possibles sur son psychisme à moyen ou long terme.
Il faut donc réagir, même dans les cas légers d’aliénation. L’aliénation repose souvent sur un isolement du parent aliéné, celui aliénant cherchant à s’appuyer sur son réseau intime, il est donc important pour le parent aliéné de rechercher l’appui de tiers, voir ce faire accompagner par un ou des professionnels bien au courant du phénomène du SAP.
Si le SAP prend une proportion inquiétante une intervention au JAF doit être rapidement envisagée, quelque fois cette intervention est suffisante, le parent aliénant sentant qu’il peut perdre la garde de l’enfant se modère de lui-même.
Si le cap de l’aliénation sévère est passé, l’enfant exprime une refus injustifié de voir l’autre parent, voir l’agresse, l’insulte, il ne faut pas hésiter à demander la garde de l’enfant avec obligation pour le parent aliénant de chercher un accompagnement professionnel pour exercer des droits de visites et d’hébergements non polluants pour l’enfant.
Bien entendu, que ce soit dans un cas bien avancé ou sévère d’aliénation, il faut envisager pour l’enfant un accompagnement neutre par un professionnel, qui pour éviter toute ambiguité sera désigné par le JAF.
Toute la difficulté pour le JAF c’est de reconnaître l'enfant ingénu de l’enfant pervers l’enfant « libre » de l’enfant " manipulé " par le parent gardien . Souvent la conviction du parent aliénant que l’autre parent est mauvais est bien ancrée, ce parent estimant que c’est une injustice qu’un droit de visite et d’hébergement soit infligé à lui-même et à son enfant, il s’enferme dans une logique de droit, et recherche des aides associatives ou experts qui peuvent lui donner raison et l’aider dans son aliénation de l’autre parent.
Ce sera signalement après signalement (PMI,écoles etc…) mains courantes, auprès des policiers et des services de protection, saisine du juge des enfants , accusation de violence conjugale, de maltraitance, ou négligence de l’enfant, voir au pire d’abus physique ou sexuels de l’autre parent.
Si dans le pratique, j’ai constaté combien il était difficile de rétablir un lien parent /enfant, d’un autre coté j’ai vu des cas ou même lorsque l’enfant n’avait pas vu son parent « aliéné » depuis des mois, se rétablir une relation rapide , d’autant plus si une relation forte entre ce parent et l’enfant avait existé avant l’aliénation, comme ci l’enfant était soulagé de renouer avec son parent, d’où l’importance d’agir vite.
Par contre, les observations montrent que plus le temps de l’aliénation dure, plus l’enfant grandit en intégrant l’aliénation comme réelle, et il est plus difficile lorsqu’il devient pré adolescent , adolescent de rétablir un climat de relation de confiance .
Si la garde a été inversée, il est important de ne pas permettre des « intrusions » de la part du parent aliénant (téléphones répété par exemple), en demandant au JAF de limiter les appels, afin de permettre à l’enfant de sortir de la bulle faussement « protectrice » dans laquelle le parent aliéné l’a enfermé.
L’essentiel devant le JAF ce n’est pas de philosopher sur l’existence ou pas du Syndrome d’aliénation parental, mais de démontrer qu’il est urgent de régler la situation dans laquelle un des parents a placé l’enfant qui le conduit à se comporter anormalement envers ce parent, que l’intérêt de l’enfant c’est d’avoir deux parents et pas un seul.